Le modèle des mégabassines : une menace pour les écosystèmes

Pourquoi les infrastructures d’irrigation sont-elles en cause ? 🌍

Pour Julie Trottier, chercheuse au CNRS, l’irrigation massive par des infrastructures comme les mégabassines et les barrages est une « maladaptation » face au changement climatique. Ce modèle agricole intensif, hérité d’une autre époque, perpétue une vision de l’eau en tant que ressource économique plutôt que flux vivant. Cette perception est, selon elle, un frein à une gestion durable et respectueuse de l’environnement.

Les mégabassines, ces immenses réservoirs d’eau prélevée des nappes phréatiques pour irriguer des cultures comme le maïs, capturent l’eau avant qu’elle ne puisse alimenter la biodiversité environnante. En modifiant cette trajectoire naturelle de l’eau, ces infrastructures entraînent un effondrement progressif des écosystèmes en France, transformant même certaines terres en déserts écologiques.

Les conflits autour de l’eau : une « guerre de l’eau » en France ? 🚰

Les tensions autour de l’eau ne se limitent plus aux régions arides du globe. En France, on observe une multiplication des conflits autour des projets de retenues d’eau, comme à Sivens et Sainte-Soline. Julie Trottier souligne que ces affrontements naissent de visions opposées : certains voient l’eau comme un élément vital et circulant, essentiel pour l’écosystème, tandis que d’autres l’exploitent comme une ressource économique, pour maximiser les profits à court terme. Cette divergence de perspectives est à l’origine des tensions croissantes, parfois violentes, autour de la gestion de l’eau.

Mégabassines : une solution dépassée ? 🌾

Les infrastructures d’irrigation comme les mégabassines sont un vestige d’un modèle agricole des années 50, conçu pour maximiser la production. Or, face au changement climatique, cette approche montre ses limites : les périodes de sécheresse sont plus fréquentes, et la disponibilité de l’eau diminue. Les mégabassines, bien qu’efficaces pour certains agriculteurs, ne répondent qu’aux besoins de quelques-uns, laissant la majorité des exploitants sans solution durable.

Les mythes autour de l’eau : trois confusions à éviter 💧

Julie Trottier identifie trois erreurs courantes dans la perception de l’eau :

  1. L’eau n’est pas un stock, mais un flux : Considérer l’eau comme un bien à partager entre différents acteurs est une simplification qui néglige son rôle dynamique et vital pour la biodiversité.
  2. Consommation vs. utilisation : L’eau utilisée pour se laver est restituée au milieu naturel, tandis que celle utilisée pour l’irrigation intensive est « consommée » et ne retourne pas aux écosystèmes terrestres.
  3. Besoins vs. demandes : La « demande » en eau des promoteurs de golf n’est pas un besoin physiologique ; c’est une demande économique. Répondre aux demandes commerciales de manière indistincte des besoins vitaux entraîne des gaspillages d’eau.

Vers un modèle durable : quelles alternatives aux mégabassines ? 🌱

Face aux défis climatiques, des solutions alternatives se dessinent. Par exemple, Eau de Paris propose de rémunérer les agriculteurs qui optent pour l’agriculture biologique, réduisant ainsi leur dépendance à l’irrigation. L’idée est de passer d’une agriculture intensive en eau à des modèles plus résilients, capables de s’adapter aux cycles naturels de l’eau.

L’eau n’est pas une marchandise à exploiter sans discernement, mais un bien commun essentiel.